Paris Brest Paris 2015 | Organisée par l'Audax Club Parisien, la 18ème edition de cette aventure sportive et humaine se déroulera du 16 au 20 août 2015. Départ et arrivée se feront au vélodrome flambant neuf de Saint Quentin en Yvelines. Notre club organise cette saison deux brevets qualificatifs, 200 Km le 28 mars et 300 Km le 18 avril. La liste complète des brevets nationaux sur le site de Jean Philippe Battu. |
Paris Brest Paris randonneur 2011
Sites recommandés: Audax Club Parisien (organisateur officiel) - Saint Quentin en Yvelines -
RCA: Le site des Randonneurs Cyclos de l'Anjou,un must, on y navigue en musique avec JC Chabirand - Cyclotourisme virtuel: tout savoir sur les BRM par Jean Philippe Battu
Les Parrains:
Que du lourd ! Bernard Hinault, Olivier de Kersauzon, Bernard Thévenet
| L'Audax Club de Paris vient de diffuser la plaquette de présentation de l'édition 2011. Principales nouveautés: Dimanche 21 août: 17h00 pour les 80 heures et à partir de 18h30 pour les 90 heures Lundi 22 août: 05h00 pour les 84 heures - Préinscriptions dès le 03 avril pour ceux ayant réalisé un BRM en 2010.
- Inscriptions à partir du 4 juin et jusqu'au 17 juillet via Internet uniquement.
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Les Hauts Alpins dans Paris Brest Paris 2007
Saint Quentin en Yvelines, lundi 20 août, 20 heures, sous un ciel encombré de nuages noirs, un coup de canon libère la première vague des 5157 randonneurs cyclistes qui s’apprêtent à déferler vers Brest. Pour la majorité d’entre eux l’ambition est d’en revenir après avoir parcouru 1230 Km agrémentés de 10 000 mètres de dénivelée dans le délai accordé de 90 heures, arrêts compris.
Les Hauts Alpins étaient au nombre de 12, 10 du Club Cyclo de Gap dont 1 féminine, 1 du Cyclo Club Laragnais et 1 du Cyclo Cimes de Briançon. Ils avaient, au préalable satisfait aux brevets de 200, 300, 400 et 600 km organisés par le club de Gap.
« Ici on ne part pas la fleur au fusil » confiait un ancien, Roger Baumann, lauréat de 10 brevets consécutifs, sur la ligne de départ.
Pluie, vent contraire, humidité constante, rendirent l’édition 2007 particulièrement éprouvante. Elle restera sans conteste l’une des plus difficiles de l’histoire, les 1459 abandons enregistrés soit un taux de 27,7%, le double de la moyenne habituelle, en témoignent.
Les plus rapides, qui finirent ensemble à 10, réalisèrent le parcours en 44h40.
En 54h, Christiane Thibault, de Saint Méen le Grand, la patrie de Louison Bobet, termine 1ère féminine.
Les hauts alpins connurent des fortunes diverses avec 9 réussites et 3 abandons.
Quelques unes de leurs impressions.
Thierry Le Ligné de Briançon, 59 heures pour sa première participation, retient surtout l’ambiance générale, les rencontres, et l’accueil chaleureux des bretons offrant boissons, café, gâteaux et même l’hébergement.
« Le temps humide ne présente pas que des inconvénients, on souffre moins d’échauffement au niveau des pieds et du fessier » déclare Jean Jacques Tréguer (73 heures) qui pour la 4ème fois retrouvait ses terres natales du Finistère ce qui pour lui constitue une véritable source de motivation.
L’expérimenté Robert Isoard de Gap (75 heures) se remémore ses crevaisons, quatre, dont la dernière en pleine nuit et sous la pluie à quelques kilomètres de l’arrivée. Réparer dans ces conditions, les doigts engourdis, ne fut pas une mince affaire. « J’ai beaucoup regretté de n’avoir pas monté un pneu neuf à l’avant avant le départ» reconnaissait il.
Les autres lauréats, Marc Séguy le laragnais, et les gapençais Albert Marchetto, Jean Terrisse, Pierre Gros, Robert Marcel et notre féminine Carole Véra alternèrent, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’épreuve, périodes de galères et moments d’euphorie.
Jo Barbutti, collision avec une voiture à 20 Km de l’arrivée, Paul Gardie, genou défaillant après 780 Km et Yves Chappel furent, de leur côté, contraints à l’abandon.
Fatigue et bobos effacés restent pour tous la satisfaction d’avoir participé à une aventure à nulle autre pareille.
Cette épreuve d’un autre siècle, créée en 1891 pour promouvoir le vélocipède, se déroule tous les 4 ans en empruntant les petites routes d’Ile de France, de Normandie et de Bretagne
Une folle transhumance qui attire des cyclistes issus des cinq continents. La composition du peloton révèle ainsi plus de 50% de participants étrangers représentant 42 nations- le plus gros peloton étant celui des USA avec 606 inscrits devant l’Allemagne (387) et l’Italie (368).
Venus de loin, 112 Japonais que suivait une équipe de télévision, 125 australiens et, plus inattendue, la présence de ressortissants du Samoa occidental, de Porto Rico, d’Inde, des Philippines.
Si la mondialisation progresse, la parité est, par contre, loin d’être atteinte, avec seulement 6,60% de féminines (268)
Jean Jacques TREGUER
Hier et aujourd’hui
« Poursuivant la thèse que je n’ai cessé de soutenir ici, à savoir qu’il faut surtout considérer dans le vélocipède, un moyen de locomotion populaire, utile, hygiénique, instructif et séduisant, j’ai rêvé d’une épreuve plus concluante, plus française pour tout dire, d’une épreuve où la vitesse absolue ne serait pas tout, mais seulement quelque chose, où l’intelligence, la sagesse, la prudence, l’adresse compteraient aussi.
J’ai rêvé d’une véritable course utilitaire, courue par des hommes qui monteraient la même machine d’un bout à l’autre du parcours, qui n’en changeraient en route, qui ne chercheraient pas à dévorer la distance sans prendre une heure de sommeil, qui dormiraient aux moments voulus par leur tempérament, qui feraient en un mot du vélocipède routier, avec paquetage et lanternes »
Ainsi s’exprimait Pierre Giffard créateur de PBP dans le Petit Journal du 11 juin 1891
A l’époque il s’agissait de rendre populaire l’usage de ce qu’on n’appelait pas encore le vélo.
Si nous n’en sommes plus là, les témoignages des hauts alpins qui y ont participé à l’édition 2007 montrent que c’est cet état d’esprit qui, pour l’essentiel, prévaut encore.
Paris Brest Paris ce n’est pas seulement des kilomètres que l’on dévore avec plus ou moins d’appétit selon les moments, seul ou à plusieurs, c’est au-delà des péripéties une rencontre avec soi même.
La chaleur de l’accueil des régions traversées, en particulier la Bretagne, demeure une constante.
Toujours en 1891, Pierre Giffard, après avoir lui même été fort bien reçu lors de la reconnaissance du parcours, conseillait aux futurs participants : « Maintenant si le Véloce Club Brestois leur offre des punchs comme celui d’hier soir, leur affaire est claire, ils ne reviendront jamais à Paris. »
En 2007 ce n’est pas la mauvaise assimilation des cocktails à base de boissons énergétiques qui a provoqué le très grand nombre d’abandons constaté -30%- mais une météo particulièrement éprouvante.
En 1975, la météo avait également contrarié les 3 gapençais lancés dans l’aventure, le Dauphiné Libéré leur avait consacré un article.
Parmi eux Robert Marcel dit Robby qui 32 ans plus tard a remis le couvert, comme quoi quand on aime on ne compte plus !
Jean Jacques
Le jour du départ est arrivé, nous formons une équipe de quatre coureurs sur des machines deux roues classiques, nous sommes le lundi 20 août, il est 23h15 à St Quentin en Yvelines, le ruban tombe, le départ est donné. Après une attente de deux heures, une averse prémonitoire tombe sur la piste du stade « Les droits de l’homme », et les discours d’encouragement des organisateurs fusent.
Nous roulons à travers l’agglomération en suivant les motos de l’organisation, je suis serein en me disant « rien, ne nous arrêtera, nous allons réussir ».
Nous nous organisons pour prendre les relais, bientôt d’autres coureurs participent, les kilomètres défilent et le fléchage du parcours semble au point. Nous voilà rassurés, nous en ferons le constat jusqu’au dernier kilomètre. Encore bravo à toutes les personnes qui ont contribué à ce marquage.
Notre progression nocturne est bientôt perturbée par une pluie soutenue, nous sommes trempés et traversés par l’eau, nous sommes proches de Mortagne-au-Perche, où nous trouvons un abri et de la nourriture. Quelques participants semblent déjà bien éprouvés par ces conditions difficiles.
Nous sommes dans le sas du point de ravitaillement près à partir. La pluie a redoublé d’intensité, je grelotte et pourtant il faut enfourcher nos bicyclettes. Nous roulons, les muscles sont froids, nous souffrons. Il me vient l’idée d’abandonner. A demi-mots, sous le ton de la plaisanterie, j’exprime mes pensées à mes compagnons de route, je suis vite remis en place par mes amis très courageux, j’ai un peu honte de ma faiblesse, je n’en parle plus. Le temps a fini par s’arranger, je me remets vite au travail et j’ouvre le chemin dans l’obscurité.
Le jour est levé, une file de maillots dessinent un long cortège serpentant le long des bosses jusqu’à l’horizon au gré des vallons, nos vêtements sèchent, la route s’élève. Nous approchons d’un bruit sourd provenant d’une machine hors du commun. Il s’agit d’une caisse de forme cylindrique montée sur roues. Je n’avais encore jamais imaginé qu’ils puissent faire le parcours sur ce véhicule. Nous entamons notre entrée sur Villaines-la-Juhel, les arcades d’accueil au Paris Brest Paris sont dressées en notre honneur, nous stationnons nos bicyclettes aux emplacements prévus, puis nous effectuons notre premier pointage et dégustons une collation.
Nous nous confondons parmi les cyclistes, beaucoup de participants étrangers. « Tiens, ici on parle français ». Nous échangeons ainsi quelques phrases courtes. Cela nous change les idées, pendant que nos roues tournent à un rythme bien réglé et très régulier.
Une halte dans une boulangerie est la bienvenue. Nous échangeons quelques mots courtois avec les commerçants. Ils nous proposent de consommer nos aliments au chaud. Ces gens nous réconfortent et semblent avoir conscience de notre périple.
Nous puisons dans nos sacoches de quoi charger nos poches de quelques barres énergétiques, puis nous nous élançons.
Ensuite, nous sommes contrôlés à Fougères et Tinténiac, où une personne du pays affirme avoir profité d’un ou deux week-ends de soleil, tout au plus, durant l’été. De mémoire d’anciens, le temps n’avait jamais été aussi mauvais depuis soixante ans.
Le mardi soir, nous décidons de nous détendre au pied d’une église, le froid des pavés nous remonte dans les reins, il faut repartir. A la sortie du village, une famille nous donne des boissons chaudes, des gâteaux, beaucoup de gentillesse, de mots de réconfort. Vraiment merci à ces gens du bord des routes d’être aussi humbles et bénévoles dans l’accompagnement de ces cyclistes un peu originales du PBP, qui véhiculent un rêve tout le long du parcours.
Après Loudéac, nous rejoignons notre voiture d’assistance, nous plantons la tente en bordure de ville. La pluie ne cesse de battre contre la toile, nous avons dormi deux heures trente. C’est trop peu !
Le rythme donné a une cadence qui m’ennuie, je deviens instable, j’appuie sur les pédales, je passe au devant du peloton. Je l’étire, je le casse, je me calme, j’attends mes amis, j’ai droit à la leçon de morale dès la première jonction venue. Luc veut en garder sous la pédale. Bien sûr je n’écoute pas et ce scénario se répétera jusqu’à Paris.
Un bon casse-croûte dans un bistro de Carhaix-Plouguer est nécessaire pour gravir les monts d’Arrée, paysage graniteux et désertique dans les pentes près du sommet, nous basculons dans la descente vers Brest. Nous sommes heureux d’être à mi-parcours sous le soleil, ses rayons venant nous redonner des forces. Nous nous sommes dévêtus.
A la vue sur l’océan. Jean-Yves, qui avait servi sous les drapeaux de la marine vingt-cinq années plus tôt, s’enthousiasme. Nous traversons ainsi le pont de Brest.
Nous stationnons au bout d’une côte, et nous profitons de l’accueil chaleureux des riverains. Ces personnes ont une grande culture du vélo et ils aiment en parler avec nous. Denis a accepté encore une bière ce n’est pas la première de la journée!
Nous filons dans la descente en direction de Carhaix, la pluie est de la partie. Nous rentrons dans un restaurant. Denis semble toujours d’attaque après avoir repris une bière. Nous allons digérer sur le vélo et sous l’eau. Encore une fois, nous sommes trempés. J’ai une overdose de pluie et de selle, vivement Loudéac! J’ai droit à la douche commune et à un sommeil de deux heures trente en binôme avec Luc.Aux environs de Tinténiac, nous rencontrons un collègue de l’Oise. Sa femme abandonne, elle est victime d’une tendinite. Nicolas emmène désormais seul le vélo tandem, il veut rentrer le plus vite possible dans les Yvelines. Je l’accompagne quelques kilomètres et je réintègre mon groupe au contrôle suivant.
A Villaines-la-Juhel, la fête bat son plein, les journalistes se régalent, la journée semble riche en événements. Nous nous ravitaillons, équipons en éclairages nos vélos. Nous affrontons une nouvelle nuit, sous une pluie fine. Le marquage au sol n’est pas toujours présent sur les routes, ce qui nous oblige à freiner dans les descentes. Nous avons misé sur une prudence maximum. Nous n’avons pas d’objectif en termes de temps, notre seule ambition étant de boucler la boucle.
A Mortagne nous participons au barbecue et commandons du boudin du terroir. Une rumeur circule : une personne est victime d’un malaise à l’arrière. Les organisateurs ne cautionnent pas cette information.
Epuisés et mouillés, nous profiterons de l’hospitalité d’un bar restaurant, qui nous offre un matelas au fond de salle et un réveil à la commande. Quelqu’un me secoue, la demi-heure prévue est déjà dépassée.
Nous grelottons sur nos vélos, les muscles sont raides, la pause était trop courte. Jean Yves a un coup de fatigue. Nous nous installons sur un trottoir. Je ramène des sacs de farine d’une boulangerie en guise de couchettes. Ils ne serviront pas à Jean Yves pour l’isoler du sol car celui-ci dort à poings fermés.
Denis dort assis à l’abri d’une porte de commerce et Luc a un sac de farine sur la tête. Un flash vient rompre l’obscurité, un hollandais vient de nous prendre en photo.
Une fois partis, nous rattrapons un groupe de vélos. Carole et Pierre de Gap sont à l’avant. Je salue Carole au passage et nous voilà rentrés à Dreux. Un passage par l’infirmerie, et nous sommes dans la dernière étape à la tête d’un groupe. En forêt à une vingtaine de kilomètres de St Quentin, un riverain nous accompagne, il semble excité et veut tester nos dernières forces dans les côtes.
Les feux sont tous au rouge. Les redémarrages me sont douloureux au niveau des genoux, cette arrivée me semble interminable. Nous faisons un tour supplémentaire du rond point, sous les applaudissements nous pénétrons dans le stade. Je suis ému, j’ai envie de pleurer, ma famille m’attend à Beauvais dans l’Oise.
Notre boucle est bouclée en 85h 41, nous avons pédalé pendant 53 heures, 5h30 de sommeil et 27 heures nous ont été nécessaires pour les contrôles et les ravitaillements.
En conclusion, je pense que nous pouvons diminuer les temps d’arrêt lors d’un prochain PBP.
Le plus beau est d’être parti et revenu à quatre sans avoir rencontré de problème majeur.
Merci, aux trois copains, à toi Jean-Yves pour ton expérience du vélo et ta bonne humeur, à toi Luc pour ta rigueur dans l’organisation de ce projet et ta régularité, à toi Denis pour ton courage et tes petites remarques pertinentes au sujet de notre progression.
Merci à Alain notre accompagnateur.
A bientôt pour d’autres aventures Jean
P.B.P. est la randonnée que tout cyclo désire inscrire à son palmarès pour peu que l’effort long (1230 Kms) ne le rebute pas. La raison du pourquoi reste à définir. Une longue galère diront certain mais on les retrouve tous les quatre ans au départ !...
J’en suis à ma quatrième participation, la plus arrosée sans aucun doute. Certains n’ont pas supporté ces conditions atmosphériques : 30% d’abandons (15 à 18% habituellement).
Pour ma part, j’ai mieux supporté la pluie et la fraîcheur que les grandes chaleurs de 2003.
A l’inscription, j’ai choisi un délai de 84h. Je suis donc parti le mardi 21/08 à 5h. Sagement.
Je n’ai pas fait 100 Kms que je crève à l’avant. Je change la chambre en prenant soin d’inspecter le pneu sans rien trouver. 20 km plus loin de nouveau la roue avant à plat. Je change chambre et pneu, sur les conseils de Bébert j’avais pris un pneu en dépannage.
A Mortagne, avant même mon café crème, je rachète deux chambres et un pneu.
Perturbé par ces deux crevaisons, je me laisse surprendre dans un virage, ma roue avant mord sur le bas côté, dérape dans la boue et me voilà à terre. Je me relève sans une égratignure mais encore un peu plus affecté par ces incidents à répétitions. J’ai du mal à trouver le bon rythme d’autant que le crachin qui nous accompagne depuis le départ se transforme en pluie et me force à enfiler le « gore-tex ».
A15h à Villaines-la-Juhel le gros des effectifs est déjà passé et je n’attends pas au self pour me servir un plat de pâtes et une cuisse de poulet. Je repars plus confiant et retrouve de bonnes sensations, les jambes tournent bien. Je me sens enfin dans le sujet .Je me contente d’un bol de soupe et d’un sandwich à Fougères ou je pointe à 20 h. Je roule souvent seul soit les groupes vont trop vite soit trop doucement. La nuit je préfère être seul ; les feux rouges que l’on a tendance à fixer me troublent la vue. Je ne m’arrête à Tintèniac et à Loudèac que le temps de pointer et boire un grand café. Le jour se lève à l’approche de Carhaix. Il est l’heure de déjeuner ce sera des pâtes à la bolognaise et un grand café. Pour faire mentir le cliché d’un Finistère toujours sous la pluie un pâle soleil fait son apparition et m’accompagne jusqu'à Brest. De nombreux cyclos en profitent pour faire des photos sur le pont A. Louppe. Je pointe à 14h et sans attendre me dirige vers le dortoir. Une douce pénombre règne dans cette salle de gym ou seulement une dizaine de lits sont occupés. Je m’endors très vite. Trois heures d’un profond sommeil et je me réveille en pleine forme pour repartir dans l’autre sens. Il y a foule sur la place de Sizun, américains et japonais se font prendre en photos près du « pardon ». Je ne sais pas si ils vont à Brest ou en reviennent mais j’en croise encore en montant vers le Roc Trévezel. Me voici de retour à Carhaix vers 21h alors que la nuit s’annonce. Alors que je m’apprête à repartir après m’être restauré je croise J.Philippe BATTU qui me demande de venir encourager Isabelle. Je l’accompagne jusque sous un auvent où il s’est installé en compagnie de ses parents qui, en voisins, sont venu les réconforter. Je trouve Isabelle en grande forme. Après quelques banalités sur le mauvais temps il est temps de partir. Fini le beau temps du Finistére, une fine pluie qui scintille dans le faisceau des phares m’accompagne une grande partie de la nuit. Je ne m’arrête à Loudeac à 1h30 que le temps nécessaire au pointage.
Au contrôle « dit secret » d’Illifaut j’éprouve le besoin d’un peu de repos. Un carton qui traîne dans la salle me sert de lit pour une bonne heure d’un sommeil sans rêve. Vers 8h30 je passe à Tinteniac et ne m’accorde un arrêt que le temps de pointer. Je me sens en grande forme et à 11h15 je suis à Fougères.
Il y a foule au self mais je ne peux pas faire l’impasse, il faut que je mange. L’attente me semble interminable. Je suis enfin servi, plateau en main chargé d’un plat chaud et de deux desserts (gourmandise oblige), j’entame un parcours du combattant pour trouver une place.
J’en trouve une, entre deux cyclos qui ont repoussé leur assiette et dorment la tête sur les avant bras. Je repars avant qu’ils ne se soient réveillés. J’arrive à Villaines vers 16h, la fête bat son plein. En plus d’un fond musical, un animateur, micro en main, commente les arrivées et les départs au milieu des spectateurs qui ont envahi le point de contrôle. Je ne m’attarde que le temps d’un regard à la grande flèche annonçant Paris à 225Kms. J’avance vite jusqu’à Mamers, la route ne présente pas un relief important, à partir de là il faut jouer du dérailleur pour atteindre Mortagne, où j’arrive vers 21h. Le temps d’avaler deux ou trois tartines dans un grand bol de café, d’enfiler le baudrier de vérifier l’éclairage et je suis prêt pour entamer la troisième nuit.
Cette année, le dernier point de contrôle avant Guyancourt, est Dreux au lieu de Nogent-le-Roi. Je ne connais pas cette partie d’itinéraire et à Brezolles je tourne plusieurs fois dans la ville avant de repérer le fléchage pour Dreux. Il me semble avoir fait de nombreux détours bizarres dans la banlieue de Dreux avant de trouver le contrôle. A 2h du matin à part les contrôleurs, je ne croise que quatre cyclos (dont un diagonaliste) qui m’invitent à repartir avec eux. Nous reprenons la route ensemble, l’allure est soutenue, je me vois déjà à l’arrivée !...
Dans une descente, en dernière position, je sens un flottement dans la direction, je ralentis et constate que ma roue avant se dégonfle doucement. Le groupe est déjà loin quand je m’arrête.
D’un état euphorique il y a quelques minutes me voilà abattu !...
Changer un pneu et une chambre en temps ordinaire prend 10 minutes là, avec des mains engourdies par trois jours de vélo, sans force dans les doigts, je mets plus d’une heure sans voir passer personne. J’en suis à ranger mon sac de guidon quand une moto d’assistance s’arrête, je le remercie, pestant mentalement qu’il ne soit pas passé avant
Le cœur n’y est plus et c’est en roue libre que je rejoins Guyancourt avant que 8h ne sonne.
Leçon à retenir, ne pas négliger la préparation du vélo, sous prétexte de n’avoir pas connu d’ennui mécanique dans les précédentes éditions.
Robert ISOARD
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